Psychologie adlérienne

Introduction

La psychologie adlérienne est une psychologie fondée par Alfred Adler (psychiatre autrichien) au début du XXe siècle. Elle est une psychologie individuelle.

La psychologie adlérienne définit le monde et la vie comme étant initialement simple. Simple initialement mais rendu compliqué par l’individu via l’aspect subjectif de sa vision du monde. Il est, à partir de là, possible de rendre la vie et le monde simple en ayant le courage de modifier cet aspect subjectif. Cet ensemble de postulat amène à considérer, dans la psychologie adlérienne, que tout les individus peuvent changer et atteindre le bonheur s’ils s’en donnent le courage.

On peut la résumé ainsi:

  • elle dénie l’étiologie
  • elle nie le traumatisme
  • elle adopte la téléologie
  • elle traite les problèmes des gens comme des problèmes de relations interpersonnels
  • elle ne pas chercher la reconnaissance des autres
  • elle recommande la séparation des tâches

Rapport au passé

La psychologie adlérienne est une psychologie adoptant une approche téléologique de l’individu en opposition à l’approche étiologique et déterministe développée par Freud notamment.

Étiologie/Déterminisme

Pourquoi le phénomène existe? L’étiologie est l’idée d’après laquelle le passé déterminerait le présent.

Un des principales travers qui lui est imputé est qu’elle servirait à déculpabiliser l’individu et à nier sa responsabilité. -> Adler pense qu’en réalité, on se sert de nos traumas pour nourrir un but.

Téléologie

Dans quel but le phénomène existe? Étude de la finalité/du but d’un phénomène.

Notion de “Style de vie”

  • Le style de vie est la manière dont on a tendance à penser et à agir. Il est 100 % choisis.
  • (Sens strict) Personnalité de quelqu’un
  • (Sens large) Vision du monde et de la vie -> Vision = filtre/aspect subjectif
  • La façon dont devrait être notre vie selon nous.

Conclusion

D’après la psychologie adlérienne, le rapport au passé ne doit pas amener l’individu à s’empêcher d’agir dans l’idée que le passé aurait tel ou tel impact sur le présent. Raisonner ainsi serait en réalité se servir de son passé comme argument pour fuir le présent dans le but de ne pas avoir d’effort à faire, de ne pas chercher à avoir du courage.

On peut, par contre, affirmer que le passé a une grande importance sur la formation de la personnalité, mais ne la détermine pas. Le sens que l’on va donner à celui-ci va nous forger.

Il est essentiel de retenir que nous ne sommes pas assujettis au passé, mais qu’effectivement nous en avons un.

“L’important ce n’est pas ce dont on a été doté à la naissance, mais l’utilisation que l’on fait de ce bagage.”

étiologie Freudienne -> “psychologie de la possession” -> déterminisme

psychologie adlérienne -> psychologie de l’utilisation -> on prends les décisions

Les problèmes sont des problèmes de relations interpersonnelles

La psychologie adlérienne est une psychologie dans laquelle on considère que les problèmes que l’individu rencontre au cours de sa vie sont des problèmes de relations interpersonnelles. Par ce prisme, tous les problèmes sont donc considérés comme ayant leur source dans les interactions sociales de l’individu. Une première approche pour régler ce problème pourrait être de supprimer les relations interpersonnelles et d’ainsi supprimer les problèmes, mais cela n’est pas possible. Il est impossible d’être seul dans l’univers. Ce chapitre va donc se concentrer sur le fait de surmonter ces problèmes de relations interpersonnelles afin d’atteindre le bonheur.

Rapport à soi

Avant de parler de la relation à l’autre en elle-même, il peut être intéressant de présenter quelques symptômes dont peut souffrir l’individu dans le cadre de ses relations interpersonnelles.

Solitude

Le sentiment de solitude est un profond sentiment d’être exclu du cercle lorsqu’on est entouré par les autres, la société ou la communauté. Il touche les personnes n’ayant pas réussi à créer de relations interpersonnelles suffisamment profonde.

Sentiment d’infériorité

Le sentiment d’infériorité est un sentiment lié au jugement de valeur, fondée sur un contexte social, que l’on porte sur soi-même. Il peut être décrit comme une comparaison de soi-même à l’idéal que l’on a de soi-même.

Il se caractérise en quelques points :

  • Il se base sur une interprétation subjective de nous plutôt que sur des faits objectifs.
  • Il touche tout le monde.
  • Si celui-ci est bien utilisé, il peut être une rampe de lancement.

Poursuite de la supériorité

La poursuite de la supériorité ou poursuite d’un état idéal est une action nourrie par l’espoir de s’améliorer afin de réduire le sentiment d’infériorité ressenti par l’individu.

Attention : la poursuite de la supériorité est différente d’un désir d’être supérieure aux autres. Son but est de rendre l’individu plus proche de l’idéal qu’il a de lui-même, mais pas du tout de pouvoir se qualifier de supérieur.

Complexe d’infériorité

Complexe : état mental anormal (idée + émotion compliquée).

Certains individus peuvent développer un complexe d’infériorité, c’est-à-dire, un état, dans lequel on va utiliser le sentiment d’infériorité comme excuse non pas comme rampe de lancement.

Complexe de supériorité

Lorsque le complexe d’infériorité est une prison trop dure à vaincre, certains individus vont se venter d’être supérieur parfois par l’intermédiaire d’un masque d’autorité.

Masque d’autorité

Faire usage d’un masque d’autorité est le faite de se cacher derrière une personne puissante pour obtenir de l’autorité.

Rapport à l’autre

Compétition

Une erreur courante est de vouloir s’accorder de la valeur en devenant supérieur à l’autre, pour cela, on rentre en compétition avec celui-ci afin de déterminer qui sera supérieur à l’autre.

La mise en compétition à plusieurs effets notable négatifs :

  • Elle amène les gens à se considérer comme concurrents et/ou ennemies.
  • Le bonheur des autres devient une défaite.

De même, le faite d’en sortir a plusieurs effets notable positif:

  • On peut se réjouir du bonheur d’autrui de tout son cœur.
  • On peut contribuer activement au bonheur d’autrui.
  • L’individu peut considérer les autres comme camarades et non pas comme concurrents et/ou ennemies.

Conflictualité

Dans le cadre des relations interpersonnelles, des différences d’opinions peuvent surgir et déboucher bien souvent sur de la conflictualité. La psychologie adlérienne propose des clés afin que les conflits abîment le moins possible les relations interpersonnelles.

Voici ces clés :

  • Même si l’on est convaincu d’avoir raison, il ne faut pas critiquer l’autre partie sur ce principe. L’attaque ad hominem est à proscrire
  • Éviter le schéma classique : j’ai raison donc cette personne à tort donc je dois gagner. Cela amène à un rapport de force entre les individus où ceux-ci deviennent ennemis et non plus des camarades qui échangent sur leur différence.
  • Lorsque l’on pense que l’on a raison, rien ne sert de débattre. La seule chose que l’on chercherait à faire, si l’on continuait, est d’obliger les autres à plier par un rapport de force. Si l’autre finissait par accepter cela se serait contre sa volonté et il se restreindrait.
  • Ne pas être obsédé par gagner ou perdre, cela amène à prendre les mauvais choix. Ne pas prendre parti et échanger sur une problématique est plus propices à la prise de bons choix.

Les tâches de la vie

Les 2 objectifs

Les tâches de la vie revêtent 2 objectifs que voici:

L’objectif de comportement:
  • être autonome
  • vivre en harmonie avec la société
L’objectif de psychologies:
  • j’ai la capacité
  • les autres sont mes camarades

Description des tâches de la vie

Il existe trois tâches de types différents, elles sont liées aux 3 catégories de relations interpersonnelles : travail, amitié et amour

Tâche de travail

La tâche de travail est une tâche qui s’accomplit à plusieurs.

Elle se caractérise en quelques points :

  • Elle est celle qui présente le moins de difficulté : + de distance, - de profondeur
  • Elle vise un objectif commun : obtenir de bons résultats
  • Elle n’est jamais désagréable. Le seul problème lié à celle-ci qui peut naître est d’être considéré comme inapte et d’être blessé dans sa dignité de personne irremplaçable.
Tâche d’amitié

La tâche d’amitié est une tâche qui se caractérise par le fait d’être loin du travail et de ne comporter aucune pression.

Elle se caractérise en quelques points :

  • Elle est difficile à amorcer et à approfondir.
  • Elle n’est pas liée à une relation de travail.
Tâche d’amour

La tâche d’amour est une tâche qui peut se diviser en 2 sous-catégories :

  • Ce que l’on entend par une relation d’amour
  • La relation parent-enfant

Elle se caractérise en quelques points :

  • Elle est la tâche la plus difficile : peu de distance et beaucoup de profondeur
  • La relation d’amour peut être vue comme fil rouge et celle entre un parent et son enfant comme une chaîne solide.
  • Si elle devient trop éprouvante (quel que soit le nombre d’années), elle débouche systématiquement sur une séparation (uniquement dans le cas des relations d’amour pas des relations parent-enfant).

La psychologie adlérienne propose quelques clés afin d’approfondir une relation interpersonnelle ayant pour base l’amour sans qu’elle ne devienne trop éprouvante :

  • Pour être dans une relation épanouie, il ne faut pas restreindre son partenaire. Les relations dans lesquelles les gens se restreignent finissent par s’effondrer. Si le partenaire se restreint et ne fait pas réellement ce qu’il souhaite, il finira tôt ou tard par vouloir retrouver sa liberté.
  • On peut vraiment ressentir de l’amour uniquement si on peut se comporter librement en la présence de l’autre personne.
  • Il faut garder en tête que dès l’apparition d’une restriction, un des partenaires essaie de contrôler l’autre. On passe dans une relation dominant-dominé et cela amènera toujours le dominé à mettre fin à la relation.
  • Il est essentiel de ne pas fuir, le pire est de remettre à plus tard, il faut affronter la situation. La pire chose serait de ne rien faire pour régler les problèmes propres à la relation même si cela implique de couper le fil rouge au ciseaux.
  • Il faut garder en tête que vivre ensemble en bon terme repose sur le faite de se traiter mutuellement sur un pied d’égalité et de ne pas placer les besoins de l’un au-dessus de ceux de l’autre.
Mensonge vital

Le mensonge vital est un état qui consiste à trouver un ou des prétextes pour éviter les tâches de la vie. Le prétexte le plus courant est de dire que c’est la faute des autres ou de notre environnement.

Conclusion

Les problèmes pouvant naître des relations interpersonnelles sont multiples, mais il est essentiel d’avoir en tête qu’il est impossible de passer sa vie seul et d’être seul dans l’univers. Partout où vous vous rendrez, vous serez toujours liés par des relations interpersonnelles. Partant de ce postula, on peut affirmer qu’il faut donc surmonter les trois tâches. Bien qu’il est inévitable d’être plus ou moins blessé à un moment ou à un autre dans ses relations, on ne peut pas vivre seul dans l’univers.

Un rapport sain à l’autre commence déjà par un rapport sain à soi-même. Il ne faut pas se voir en compétition avec l’autre sinon on devient ennemies avec tout le monde et incapable de nouer des relations interpersonnelles de qualité. La poursuite de la supériorité née du sentiment d’infériorité ne doit donc pas être tourné vers une poursuite de supériorité à l’autre, mais à son soi actuel grâce à l’aide de l’autre, de son camarade. Pour vivre sainement, il suffit d’aller toujours de l’avant, rien ne sert de se comparer aux autres. Il est essentiel de nouer des relations horizontales avec ses paires, les êtres humains sont tous égaux, mais différents.

Rejette les tâches d’autrui

La psychologie adlérienne est une psychologie dans laquelle on considère que tous les problèmes de relations interpersonnels proviennent du fait que les gens empiètent sur les tâches les uns des autres ainsi il est essentiel de séparer ce qui nous incombe et ce qui incombe aux autres.

Pourquoi empiéter sur les tâches les uns des autres cause des problèmes ?

Cela peux s’expliquer par plusieurs raisons:

  • Si l’on interviens dans une tâche qui n’est pas de notre ressort et qu’on prend en charge la tâche de l’autre, cela aura pour conséquence d’alourdir notre vie d’épreuve.
  • Si on se préserve de tout cela, la vie devient plus légère et plus simple.
  • Vouloir forcer le changement en ignorant les intentions de la personne ne peut que mener à une réaction violente.
  • Imposer ses désirs sans avoir établi des limites mène à de l’harcelement.
  • C’est une façon égocentrique de penser. On veut forcer les autres à agir d’une façon pour nous faire plaisir.

Chercher la reconnaissance des autres ?

Le refus d’admettre le besoin de rechercher la reconnaissance des autres est un des principaux postulats de la psychologie adlérienne. En effet, la reconnaissance n’est pas nécessaire et il ne faut pas la chercher. Elle peut être satisfaisante mais ne doit pas être un but. Elle résulte principalement de l’influence de l’éducation récompense/punition.

Il est essentiel de comprendre que si la reconnaissance des autres est importante pour l’individu cela va le conduire à sans cesse mesurer les sentiments des autres et se faire du soucis à propos de la façon dont ils le regardent. Il va ainsi se priver de liberté et vivre une vie dicté par autruie. Cela peut nous tenter car si on délègue sa vie à l’autre, à une route bien tracée, c’est plus simple, on a moins de chance de se perdre. Mais, on ne fait pas ainsi le choix de la liberté et on finit tôt ou tard par le regretter.

Ainsi, les autres ne vivent pas pour ta reconnaissance. Il ne faut donc pas s’énerver s’ils agissent indépendament de notre avis, c’est normal. De même, si les gens vivent mal que tu ne suives pas leurs désirs, c’est leurs problèmes et non pas le tiens :

  • les jugements à ton encontre sont du ressort des autres, pas du tiens
  • tout ce que tu peux faire, c’est choisir le meilleur chemin auquel tu croies

Si malgré tout on reste inquiet à l’idée des autres qui nous regardent, c’est que l’on n’a pas encore fait la séparation des tâches.

Le système récompense / punition

Le système d’éducation récompense / punition évoqué précédemment peut se résumer ainsi:

  • si l’action de l’enfant est bonne -> On le félicite
  • si l’action de l’enfant est mauvaise -> On le punis

Le résultat chez l’individu ainsi éduqué est le suivant :

  • “Si personne ne va me féliciter, pas la peine de faire des bonnes actions.”
  • “Si personne ne va me punir, autant faire des ations déplacées.”

Ce système est entièrement rejeté par la psychologie adlérienne.

Méthode de la séparation des tâches

Voici comment séparer les tâches:

  1. Se demander “à qui incombe la tâche ?” / “Qui, au bout du compte, va subir la conséquence du choix qui est opéré ?”
  2. Séparer sa tâche de celles des autres : Délimite jusqu’où vont tes tâches et à partir de quand elles sont du ressort d’autrui
  3. N’interviens pas dans les tâches des autres, empêche les autres d’intervenir dans les tiennes

Moins il y a de distance plus il est nécessaire de séparer consciemment les tâches.

Ce proverbe irlandais résume bien l’idée derrière la séparation des tâches : “On peut emmener le cheval à l’abreuvoir, mais on ne peut pas le forcer à boire.”

Manipulation ?

Essayer de changer l’autre est vain et n’est pas notre tâche le faire ne peut que mener à une réaction violente. Il faut avoir en tête que se changer est de son ressort, l’autre ne l’est pas.

Se dire “Il devrait m’aimer” ou “J’ai fait ça donc c’est bizarre qu’il ne m’aime pas.” revient à intervenir dans les tâches d’autrui afin d’otenir une récompense.

Il faut conserver une distance intermédiaire avec les gens:

  • trop courte : impossible même de parler car trop serré
  • trop grande : impossible même de parler car trop loin
  • être prêt à apporter son aide si nécessaire mais ne pas empiéter sur le territoire de l’autre.

Interférence / Non-interférence:

Attention : Il ne faut pas confondre la séparation des tâches avec la non interférence qui est une attitude qui consiste à ne pas savoir et à ne même pas vouloir savoir ce que fait l’autre. C’est en sachant ce que fait l’autre qu’on le protège.

Il faut interférer mais pas n’importe comment, voici la méthode :

  1. (si il n’en a pas conscience) Dire à l’autre que c’est une tâche qui lui incombe.
  2. Faire savoir qu’on est prêt à l’aider quand il aura envie de s’occuper de sa tâche.
  3. Si on ne nous demande jamais cette aide, ne pas se mêler de ce qui n’est pas de notre ressort.

Liberté

  • Attitude qui s’apparente à l’idée de résister à l’inclination à nos impulsions (impulsion de désir de reconnaissance par exemple).
  • Il faut se libérer des relations interpersonnelles pour être libre.
  • On est libre à partir du moment où l’on accepte que quelqu’un ne nous aime pas et qu’on résiste au désir de reconnaissance.
  • “Avant de se soucier de ce que les autres pensent de moi, je veux me réaliser en tant qu’être.”

Celui qui résiste au désir de reconnaissance prouve qu’il exerce sa liberté, qu’il est un homme libre, en accord avec ses propres principes. En effet, on est un homme libre si on accepte d’avancer sans crainte de déplaire.

Si on choisit la liberté, il faut applaudire la liberté de l’autre d’être libre.

Conclusion

Pour être libre, il est essentiel de séparer ses tâches de celle des autres. Cela aura pour effet d’alléger notre vie et de la rendre plus simple. Nous n’avons ainsi plus besoin de nous allourdir des tâches de l’autre, cela réduit la quantité de tâche que nous devons surmonter. En plus de nous alléger, cela nous permet d’être plus libre car nous n’avons plus à nous soucier du regard des autres à se contraindre à leur plaire, on peux ainsi tracer sa propre ligne.

Néanmoins, il faut garder en tête que la séparation des tâches n’est pas l’objectif des relations interpersonnelles, c’est une façon de garder un certain dégré de distance et d’avoir toutes les cartes en main.

Là où se trouve le centre du monde

La psychologie adlérienne est une psychologie dans laquelle on considère que le centre du monde n’est pas le “je”. Néanmoins, le “je” est le centre de notre vie. Mais le centre du monde, lui, est la “communauté”.

L’être (le “je”) est indivisible

La psychologie adlérienne est une psychologie individuelle, individuelle dans le sens indivisible.

Indivisible : une unité indivisible est la plus petite unité possible, qui ne peut pas être décomposée.

Cette psychologie s’oppose à tout système de valeur dualiste :

  • Esprit/Corps
  • Raison/Emotion
  • Conscient/Inconscient En effet, ces éléments sont liés, il n’y a aucune raison de les diviser. C’est ce que l’on peut décrire comme étant une vision holistique de l’individu.

Holisme : on ne peut pas séparer l’humain, il est un tout.

Il n’existe donc qu’un “je” indivisible, il n’est pas partitionné.

Sentiment communautaire

La psychologie adlérienne considère que le point de départ des relations interpersonnelles, c’est-à-dire la condition préalable à l’établissement de celle-ci est la séparation des tâches. Mais ce n’est pas le but des relations interpersonnelles. Le but de ces relations est le sentiment communautaire ou “intérêt social” ou “intérêt pour la société”.

Sentiment communautaire :

  • Avoir conscience “que nous avons notre propre refuge”.
  • Éprouver un désir de partage, de contribuer à la communauté.
  • Lorsque l’on est membre d’une communauté et que nous y avons notre place.
  • Sentiment que c’est notre propre lieu de refuge, que l’on a un sentiment d’appartenance (désirs humains de base).
  • Les relations d’études, de travail, d’amitiés et en relation amoureuse sont liées à la recherche de lieux et de relation où “nous sommes à notre place”.
  • Il s’obtient en s’engageant spontanément et activement envers la communauté et non en se contentant d’être là.
  • Se dire “je contribue à la communauté” et donc avoir un vrai sens de sa valeur.

“Contribution” : “ce n’est que lorsqu’une personne est capable de sentir qu’elle a de la valeur qu’elle peut avoir du courage.”

S’engager activement signifie affronter les tâches de la vie :

  • Il ne faut pas éviter les tâches que l’on rencontre au travail, en amitié et en amour.
  • Il faut “voler de ses propres ailes et affronter ses propres tâches”.

Communauté :

  • Toute l’humanité, mais aussi tout l’axe du temps, du passé au futur et les plantes, les animaux, et même les objets inanimés.
  • (idéal inatteignable) Tout l’univers en entier, du passé au futur.

Relation horizontale

Le point de départ des relations interpersonnelles est la séparation des tâches et le but est le sentiment communautaire comme vu précédemment. Mais la façon de passer de l’un à l’autre n’a pas été évoquée et cette façon, c’est celle qui consiste à nouer des relations horizontales.

Les relations horizontales sont des relations basées davantage sur la gratitude et le respect envers l’autre ainsi que la joie provoqué par l’échange et l’entraide. Dans celle-ci, il faut être plein de gratitude et remercier les gens non pas pour “ce qu’ils ont fait” mais pour “ceux qu’ils sont”. Il faut les remercier et être heureux ainsi que reconnaissant du faite que les gens sont là et non pas qu’ils aillent une action immédiate envers nous. Plutôt que de retirer des points par rapport à une image idéalisés de l’autre, il faut partir de zéro et remercier les gens pour le simple fait d’être là.

Egocentrisme

Il est essentiel de bien comprendre où se situe le centre du monde afin de s’éloigner de l’égocentrisme et nourrir des relations interpersonnelles saines.

Pour nouer des relations horizontales, il faut se voir sur un pied d’égalité avec l’autre et non pas supérieur. Il ne faut pas être égocentrique. Il faut passer de l’attachement à soi-même (intérêt pour soi-même/égocentrisme) à la préoccupation pour les autres (intérêt social). Il faut avoir en tête que le “je” est protagoniste de la vie, mais ce la ne signifie pas que le “je” est protagoniste du monde.

Égocentrique :

  • Être incapable d’appliquer la séparation des tâches.
  • Être obsédé par le désir de reconnaissance / obsésion pour le regard des autres.
  • Pas de préoccupation pour l’autre juste le “je”.

Pour ne pas être égocentrique, il faut avoir en tête ce qu’est le “je”:

  • Il est le protagoniste de notre vie.
  • Il ne gouverne pas le monde.
  • Il est un membre de la communauté, une partie de tout.
  • “une partie de tout” signifie que les autres n’existent pas pour te servir.

Encouragements

Un point essentiel dans le rapport à l’autre dans le cadre d’une relation horizontale est de comprendre que “les autres ne vivent pas pour répondre à nos attentes”. Il ne faut donc pas les pousser à faire ce que l’on veut et il faut éviter d’initier un rapport de force. Il est courant que les humains initient ce rapport de force et cela passe souvent par 2 méthodes évoquées dans le chapitre précédent :

  • la méthode par l’éloge (carotte)
  • la méthode par la réprimande (le bâton)

Bien qu’il ne faut pas forcer les autres à répondre à nos attentes, les aider est quelque chose de bénéfique. C’est ainsi que nous pouvons tous avancer ensemble et forme une communauté à travers l’entraide. Il faut donc appliquer la méthode des “encouragements” développée ici :

  • Il ne faut pas féliciter l’autre. Cela constitue un jugement du compétent vers l’incompétent = manipuler une personne moins compétente que soit non pas éprouver de la gratitude ou du respect.
  • Punition physique, hors de question
  • ni féliciter, ni réprimander
  • On ne fait pas ces trois choses, car sinon, c’est de la manipulation, la relation n’est pas horizontale.

La méthode des encouragements :

  • Il faut proposer son aide (on réfléchit à ce que l’on peut faire pour l’autre.).
  • Faire en sorte que l’autre prenne confiance en lui quant à ses capacités.
  • Ne pas intervenir et forcer.
  • Ne pas réprimander ou féliciter, mais plutôt dire merci, être plein de gratitude.
  • En remerciant, on donne à l’autre le sentiment de sa propre valeur et on l’amène à franchir un nouveau pas en avant.
  • Ne pas juger l’autre.

Voir plus large

Si jamais on a une difficulté dans une relation interpersonnelle ou si on ne voit plus comment s’en sortir dans celle-ci, il faut “écouter la voix de la communauté plus vaste.”. Dans une relation d’amour par exemple, vois la communauté au de là de vous deux pour faire un choix ne reste pas enfermé dans cet ensemble à 2.

Conclusion

Le centre du monde ce n’est pas toi mais la communauté. Tout repose sur le sentiment communautaire. Pour cela, en partant de la séparation des tâches, il faut établir des relations horizontales. La clé pour établir des relations horizontales réposant sur la méthode des encouragements et l’absence d’égocentrisme.

Vivre pour de bon ici et maintenant

Aux questions, “Quel est le sens de la vie” et “Où devons-nous aller ?” la psychologie adlérienne répond de se concentrer sur l’instant présent et sur la communauté qui nous entoure. Et c’est ce que l’on va voir maintenant.

Sentiment communautaire

Pour développer un sentiment communautaire, c’est-à-dire passer de l’attachement à soi-même (intérêt pour soi) à la préoccupation des autres (intérêt social), il faut développer l’acceptation de soi, la confiance en autrui et la contribution aux autres.

L’acceptation de soi

Acceptation de soi :

  • Elle est différente de l’affirmation de soi.
  • Il faut accepter le “je incapable”.
  • Il faut essayer d’avancer dans les limites de ce qu’on peut faire.
  • Il faut se concentrer sur ce que l’on peut changer plutôt que ceux que l’on ne peut pas changer.
  • Il faut accepter le “je” irremplaçable tout simplement tel qu’il est.
  • Il faut avoir le courage de changer ce qui peut l’être.

Affirmation de soi :

  • Elle consiste à faire des suggestions à soi-même “je peux y arriver” ou “je suis fort”.

  • Elle peut entraîner le complexe de supériorité.
  • On se ment à soi-même.

Exemple face à un score de 60 % :

  • Affirmation de soi : “Je n’ai pas eu de chance cette fois-ci, mais le vrai moi vaut 100 %.”
  • Acceptation de soi : “Qu’est-ce que je pourrais faire pour me rapprocher des 100 % ?” À noter :
  • Il n’est pas nécessaire d’être pessimiste.

Résignation positive :

  • Personne n’est parfait.
  • Personne n’est à 100 %, ça n’existe pas.
  • On se résigne au fait que l’on ne puisse tout changer.
  • Mais on a en soit la capacité de changer l’utilisation que l’on fait de ce bagage.
  • Avoir une solide emprise sur la vérité des choses.

La confiance en autrui

Distinction entre “faire confiance” et “avoir confiance”.

La relation se fonde en psychologie adlérienne sur avoir confiance et non pas faire confiance.

Faire confiance :

  • La relation se base sur des conditions préétablies.

Avoir confiance :

  • On agit sans conditions préétablies.
  • On agit sans motifs objectifs, suffisants, on croit.
  • On croit de manière inconditionnelle sans se soucier de la sécurité.
  • Mettre une confiance inconditionnelle à la base de ses relations interpersonnelles, plutôt que de cultiver le doute.

Le contraire de faire confiance est douter. Le doute comme fond dans les relations interpersonnelles est mauvais, car il empêche l’approfondissement de la relation et peut même empêcher leur poursuite. La confiance inconditionnelle est indispensable à la construction de relation profonde. Si tu doutes de quelqu’un, tu vas trouver les preuves pour confirmer ton doute.

Tu ne décides pas si tu vas te faire exploiter :

  • Cela relève des tâches de l’autre.
  • Il est difficile à accepter, mais cela simplifie les choses.

La confiance inconditionnelle :

  • Améliore ta relation avec une personne.
  • Permet de bâtir une relation horizontale.

Si tu ne veux pas améliorer ta relation avec une personne, romps là, c’est ta tâche.

Relation superficielle :

  • Douleur légère.

  • Joie légère.

Si colère et tristesse :

  • Les vivres à fond.

  • Si on essaie d’y échapper, on se retrouve coincé et on ne peut plus construire de relation profonde.

On peut croire ou douter. Mais nous aspirons à voir les autres comme nos camarades donc il faut donc croire.

La contribution aux autres

  • C’est le fait d’agir en fonction de ses camarades.
  • C’est le fait d’essayer d’apporter une contribution.
  • Elle comporte une limite, PAS de sacrifice personnel.
  • Il ne faut pas se débarrasser du “je” et se rendre utile à quelqu’un, mais faire quelque chose afin d’être véritablement conscient de la valeur du “je”.

On a conscience de notre valeur si notre existence et notre comportement apportent quelque chose à la communauté (“Je suis utile à quelqu’un.”).

Les 2 genres de vie

Vie cinétique(dynamique):

  • Permet d’atteindre une destination.
  • Remets la vie à plus tard.
  • Amène à enchaîner les jours les uns après les autres dans la monotonie.

Si on a pour but de simplement atteindre le sommet d’une montagne :

  • Penser que la vie constitue à grimper en haut d’une montagne.
  • Pendant la grande partie de la vie, on serait “on cours de route”.
  • Une vie provisoire menée par un “moi provisoire”.

Si on n’atteint pas le sommet d’une montagne :

  • On vivrait une vie interrompue “en cours de route” et on vivrait toute sa vie une “vie provisoire”.
  • On traite l’existence comme une ligne (notion lié à l’étiologie) partant de la naissance vers la mort avec quelques virages.

Energeia (état réel actif):

  • Elle permet de s’épanouir dans chaque moment présent.
  • Elle consiste à danser la vie.
  • Le processus du mouvement est l’aboutissement en soit de cette vie.
  • La vie est simple : pas besoin d’être trop sérieux.
  • La vie est toujours achevée.

Il faut vivre ici et maintenant :

  • Le passé n’a rien à voir avec ici et maintenant.
  • Ce que le futur nous réserve n’est pas ce à quoi nous devrions penser ici et maintenant.

Le plus grand mensonge vital : ne pas vivre ici et maintenant

  • Ce n’est pas hier ou demain qui détermine aujourd’hui, c’est ici et maintenant

Ne pas traiter la vie comme une ligne, mais comme une suite de pointillé, une suite de moments appelés “maintenant”. Avoir une planifiée : nécessaire ou inutile ? C’est impossible à faire dans tous les cas.

Plutôt que de rêver d’être ingénieur, il faut vivre ici et maintenant. Il faut profiter chaque jour des nouveaux savoirs appris.

Je n’ai pas de destination dans ma vie. Je fais ce que j’aime ici et maintenant et en faisant ce que j’aime, je finis quelque part. Mais ce n’est pas mon but d’arriver à cet endroit.

Pour véritablement comprendre la psychologie adlérienne et l’appliquer par un réel changement de vie. Il faut la moitié du nombre d’année que l’on a vécu.

Drogué du travail

/!\ Important de ne pas se tromper Ce n’est pas parce qu’une personne te fait du mal que tout le monde est comme ça.

Manque “harmonie de la vie”:

  • On voit seulement une partie des choses, mais où l’on juge le tout.
  • On voit l’unique personne qui ne nous aime pas et on jugera le monde à partir de cela.

Drogué du travail :

  • Se concentre exclusivement sur un aspect spécifique de la vie.
  • “J’ai beaucoup de choses à faire au travail, alors je n’ai pas assez de temps pour penser à ma famille “. C’est un mensonge vitale.
  • Ils échappent à leurs responsabilités en se servant du travail comme excuse.
  • Il faut pourtant se soucier de tout : corvées domestiques, éducation enfants, amitiés, loisirs, etc.

T’acceptes-tu par rapport à ce que tu fais ou par rapport à ce que tu es ?

  • La vraie question qui touche le courage d’être heureux

Être heureux maintenant

  • Pas grave si tu t’égares ou te déconcentres
  • Ne sois pas dépendant de relation verticale.
  • N’aie pas peur de déplaire.
  • Continue simplement d’avancer librement.

“Pour un être humain, le plus grand des malheurs, c’est de ne pas être capable de s’aimer.”

Pour s’aimer, il faut le sentiment d’ “apporter quelque chose à la communauté” ou de “être utile à quelqu’un”.

  • Le sentiment de contribution est la source du bonheur.
  • C’est la seule façon d’avoir le sentiment d’avoir de la valeur.

Il n’y a aucune liberté dans un sentiment de contribution qui s’obtient par le désir de reconnaissance.

On choisit la liberté tout en aspirant au bonheur.

Si l’on a véritablement un sentiment de contrition, on n’a plus besoin de la reconnaissance d’autrui.

Êtres particuliers

2 chemins pour ceux qui veulent être des “êtres particuliers”

  • être particulièrement bons dans le but d’être reconnus par ses parents
  • être particulièrement mauvais dans le but d’être attiré l’attention, ne pas être normal. Appelle cela la poursuite de la supériorité facile.

Il réside chez l’homme un désir universel : la poursuite de la supériorité.

Courage d’être normal

  • Besoin d’être particulier : besoin qui naît de l’absence d’acceptation de notre “moi”.
  • Est-ce mal d’être ordinaire ? Est-ce que ça rend inférieure ?
  • On n’a pas besoin d’étaler sa supériorité.
  • Il faut atteindre l’acceptation de soi.
  • Être normal ce n’est pas être incapable.

Sens de la vie

  • “La vie d’une façon générale, n’a pas de sens.”
  • “C’est à l’individu d’assigner un sens à la vie, quel qu’il sait.”
  • Le sens de la vie : contribution aux autres ?

Nous devons toujours agir d’une façon ou d’une autre et résister à l’inclination de Kant. La psychologie adlérienne offre une grande boussole dont l’aiguille serait une vie de liberté.

Conclusion

Voici comment s’articule de façon imagé les notions autour du sentiment communautaire :

Il a 2 genres de vie qui peuvent être menée d’après la psychologie adlérienne. L’une où on se place dans l’attente sans cesse d’un état futur (d’être arrivé en haut d’une montagne) et l’autre ou on accepte le faite de vivre l’instant présent, où on accepte que l’on ne puisse rien prévoir à l’avance et où l’on accepte de vivre les différents virages de la vie.

La psychologie adlérienne propose en résumé, de faire maintenant tout de suite d’après energeia tout en développant au quotidien son sentiment communautaire.

Source

  • Ichiro Kishimi, Fumitake Koga, ‘‘Avoir le courage de ne pas être aimé’’, Paris, Guy Trédaniel